La confiance en soi, avec Charles Pépin

25/08/2019

« Un grand homme vient pour dîner à la maison : je ne souhaite pas lui plaire , je souhaite qu’il me plaise. Je désire que ma réception soit cordiale, mais elle doit d’abord être vraie. » R.W Emerson

Quelle plus belle confiance en soi que celle qui nous libère de la peur de ne pas plaire, de ne plus être aimé, de ne pas être à la hauteur ? Là où Ralph Waldo Emerson invoquait l’importance de l’anticonformisme et du droit d’être soi, Charles Pépin, dans La confiance en soi, nous rappelle que cette dernière est avant tout une quête. Une quête patiente et difficile. On ne naît pas confiant, on le devient.

Voilà une promesse bien moins séduisante que la poudre de perlimpinpin, mais dont la profondeur nous invite à une réflexion indispensable à l’épanouissement de chacun.

Le manque de confiance est comme un filet d’eau distillé qui s’immisce en nous et nous maintient dans l’espoir qu’un jour peut-être… mais ralentit notre capacité à changer, transformer, innover… Alors nous tâtonnons parmi les brides de nos rêves et les accomplissements des autres, dont nous regardons les exploits, plus ou moins réels, défilés sur nos écrans, comme un enfant bavant devant une glace à la fraise.

Et si nous profitions de cette rentrée pour réaliser nos propres œuvres, nos propres rêves, nos propres vies ?

S’il vous reste encore quelques jours de vacances, laissez vos yeux vous conter cette philosophie de la confiance … Et pour celles et ceux qui sont déjà pris par l’urgence, voici un aperçu de son contenu.

Dans ce livre, Charles Pépin, nous éclaire sur les mystères de la confiance en soi.

Selon lui, la confiance en soi, relève d’une alchimie, d’une combinaison de plusieurs facteurs. Ces facteurs sont au nombre de trois : la confiance en l’autre, la confiance en ses compétences, la confiance en la vie.

On ne naît pas confiant, on le devient.

Si la nouvelle est plutôt bonne, se pose alors une question essentielle : Comment construire cette confiance si nous ne l’avons pas eue dans notre enfance, si nous l’avons perdue en cours de route, ou tout simplement, si nous l’avons développée dans un domaine, mais qu’elle nous manque cruellement ailleurs ?

7 chapitres. 7 réflexions.

Cultivez les bons liens, c’est-à-dire développer une confiance relationnelle.
Savoir faire confiance et donner sa confiance.

Entraînez-vous, c’est-à-dire pratiquer encore et encore.
La confiance serait une discipline. Charles Pépin balaye ici la séduisante théorie des 10 000 heures développée par le psychologue Anders Ericsson et nous entraîne dans une valse à 2 temps. Un pied dans sa zone de confort, réservoir de ressources, puis un pied dans le périmètre des explorations, zone de progression.

Écoutez-vous, c’est-à-dire faire confiance à votre intuition, tel le médecin urgentiste qui sait faire le tri parmi les blessés et évaluer la gravité d’un état au premier coup d’œil.

Mais s’écouter ne va pas de soi. Cela s’apprend, notamment grâce aux rituels, qui sont autant de rendez-vous avec soi …/… et permettent de sortir de l’urgence pour nous recentrer sur l’important.

Nous y reprenons notre souffle, redevenons présents à nous-mêmes et c’est dans ces moment-là, bien souvent, que les nœuds se dénouent… Nous trouvons la solution à ce problème professionnel qui nous tracasse, nous comprenons à quoi nous aspirons dans nos relations amoureuses, nous y voyons plus clair sur nous-mêmes. Cette lumière surgit souvent dans un moment de relâchement…. qui me rappelle étrangement  l’état hypnotique !

Émerveillez-vous, c’est-à-dire laissez la Beauté vous toucher indépendamment de la dictature de « ce qu’il faut penser ».

Fréquenter la Beauté, la reconnaître, et la beauté est partout, c’est oser être soi-même, c’est écouter ce qui se joue en soi et se délivrer de nos inhibitions. C’est faire monter la confiance en vous.

Décidez ! C’est à dire trouver la force de s’engager dans l’incertitude car même si nous réduisons le risque au maximum, il en restera partout.
Ne pas supporter le risque qui reste, c’est se condamner à ne pas décider, ou à décider la peur au ventre. Et donc à décider mal.
Charles Pépin nous rappelle ici la distinction entre choisir et décider.
Choisir, c’est savoir avant d’agir : je choisis entre un voyage au bord de la mer et à la montagne parce qu’à budget et conditions équivalents, je préfère l’océan. Le choix est facile.
Décider, c’est agir avant de savoir. Je décide de monter ma boîte sans savoir si tout se passera comme prévu. L’option présente un risque évident, pourtant, nous sommes plus libres quand nous décidons que lorsque nous choisissons, parce que nous ne sommes pas tenus d’obéir à des critères indiscutables. Mais cette liberté, souvent, nous perturbe.

Mettez la main à la pâte, c’est-à-dire faire pour se faire confiance, car de quoi pouvons-nous être fier si nous ne savons plus ce que nous faisons ?
Comment pouvons-nous prendre confiance en notre talent si nous ne savons plus de quel talent il s’agit ?

La confiance en soi est la fille du plaisir : du plaisir que nous prenons à ce que nous faisons bien.

Et ce que nous faisons bien n’est autre que nous aimons faire, c’est à dire ce qui relève de notre domaine de forces, concept central de la psychologie positive. Connaître ses forces, et nous en avons tous, c’est connaître ce qui fait notre essence, notre différence. C’est découvrir ce que nul ne peut nous enlever, ce que nous faisons naturellement bien et qui nous rend authentique, dynamique et performant. Découvrir nos forces et la façon unique que nous avons de les combiner entre elle, c’est découvrir comment utiliser ce que nous sommes pour devenir ce que nous rêvons d’être. Comme le dit joliment Charles Pépin :

Ce qui nous rassure et nous porte vraiment, c’est de savoir qui nous sommes, qui nous sommes vraiment.

Le monde du travail traverse une double crie : les ouvriers et employés sont sous la menace permanente d’être remplacés par des machines ; les cadres absorbés par des process qui leur font perdre leur liberté et les éloignent de leur métier. Les crises de confiance individuelles, les burn-out, germent sur ce terreau civilisationnel.

Et face aux crises de confiance, la connaissance de soi ne nous permet-elle pas de nous dégager de la pesanteur des cadres sociaux ?

Passez à l’acte, c’est-à-dire agir pour prendre confiance. Agir en explorant le monde.
« Le secret de l’action, c’est de s’y mettre », disait Alain.

Ne pas réussir à essayer induit peu à peu une perte de confiance.

Même si la réflexion doit souvent précéder l’action, cette dernière ne peut être vue comme de moindre valeur que la pensée. Sans quoi nous serons incapables de trouver la confiance qu’il faudra pour agir : nous continuerons à trembler chaque fois que notre réflexion n’aura pas éteint toutes les incertitudes, ce qu’elle ne parviendra jamais à faire…/… Trop souvent, les psychologues, enseignants ou coachs qui valorisent l’action comme moyen de développer la confiance en soi ne mettent pas assez l’accent sur cette définition de l’action comme rencontre du monde, des autres ou du réel. L’action est présentée sous un jour trop volontariste : comme un simple moyen de prendre la mesure de ses capacités, de développer son savoir-faire. Elle est parfois réduite à un terrain d’entraînement pour la volonté.

Mais agir, c’est plus que s’entraîner ; c’est rencontrer le monde.

Rien ne nous dit que le monde ne sera pas avec nous plus tendre que prévu. Agir c’est se donner une chance d’avoir de bonnes surprises…

Admirez. Non pas comme la fascination des fans pour leurs idoles ou des élèves pour leur gourous, mais une admiration féconde, une curiosité profonde pour l’aventure d’un être qui réussit à devenir lui-même.

Un intérêt d’autant plus vif pour le talent des autres qu’il nous dit quelque chose de la possibilité de notre propre talent…/… L’admiration peut nous sauver de la crise de confiance : si cela a été possible, c’est que cela reste possible.

Nous admirons seulement ceux qui ont osé devenir eux-mêmes.

Restez fidèles à votre désir, tel Ulysse qui fait un long voyage mais reste fidèle à lui-même.
La fidélité à soi-même : l’antidote à la crise de confiance ! Beaucoup de dépressions de milieu de vie sont causées par une infidélité à son désir. Des hommes et des femmes se retrouvent sur le divan sans même comprendre leur mal-être. Sans raison objective…/… Ils ont cédé sur l’essentiel : leur désir. Dit autrement, ils sont infidèles à eux-mêmes.

La dépression a pour fonction de les aider à entendre ce qu’ils voudraient taire. A sortir du confort de la reconnaissance pour réapprendre à se connaître. A reprendre confiance en eux en retrouvant le chemin de leur vérité, de leur quête.

Faîtes confiance au mystère, c’est-à-dire faîtes confiance à la vie !
Miser sur l’avenir, croire en la puissance créatrice de l’action, chérir l’incertain au lieu d’en avoir peur…/…

Continuer à aimer la vie même quand elle semble dure.

Nous ne savons pas toujours en quoi nous avons confiance quand nous avons confiance en la vie. Nous avons confiance c’est tout. C’est une confiance sans objet, une confiance pure…/… en nous fiant à elle nous aurons un rapport plus créatif à notre compétence, nous sortirons plus volontiers de notre zone de confort, nous irons plus facilement vers les autres. Si la confiance en soi vient avec la compétence, si elle se construit dans notre relation aux autres, elle trouve dans cette confiance en la vie sa condition de possibilité, son sol nourricier…/… dans une perspective mystique, la confiance en la vie confine à l’abandon- tout le contraire d’une maîtrise…/… Comment mieux dire que la confiance en soi ne peut se penser sous la seule catégorie de la maîtrise, qu’il y a toujours en elle une forme d’abandon…/…

La vie est bonne parce qu’elle est pure force de changement, de transformation

Nous l’aurons tous compris, les chemins qui mènent à la confiance sont divers, mais « une fois acquise, elle porte chacun de nous de la même manière. Il n’y a qu’une confiance en soi, mais plusieurs façons de l’atteindre.

Oublions, s’il vous plait, les « 7 techniques pour prendre confiance en soi » et « les 3 clés pour révéler son potentiel ». Ces injonctions sont aussi bêtes que méchantes, conclue Charles Pépin.

Sentir sa propre puissance intérieure, prendre conscience de sa propre grandeur, de son unicité… trouver à l’intérieur de soi l’endroit où tout est possible, oser être vrai tout en restant humble et respectueux des différences, voilà l’enjeu d’une saine confiance en soi. Cette quête représente du travail, des efforts, de la répétition, de la constance et une grande persévérance. Pas de recette miracle. Peut-être une mise en garde : cessons de nous comparez aux autres. C’est l’un des grands poisons de la confiance en soi.

Merci, Charles Pépin, pour cet ouvrage inspirant qui restera sur ma table de chevet, à coté du Petit Prince et de La voie de la paix intérieure du maître Yogi Iyengar. Vous nous invitez à mettre dans nos plats une petite touche d’audace et de réflexion qui fait un bien fou !

Valérie Pharès

Cet article est presque entièrement inspiré du livre de Charles Pépin. Cependant, si vous souhaitez en extraire une partie, je vous invite à vérifier dans la version originale ce qui relève de l’auteur et ce qui relève de mon interprétation personnelle.