En troquant ma robe d’avocate contre un fauteuil de thérapeute, j’ai voulu donner du sens à une histoire qui n’en avait pas : l’inceste.
J’ai rencontré Amélie, Nathalie, Sylvie, Véronique, Isabelle, Christophe, Paul, moi…
1 enfant sur 10 est victime d’inceste, soit 6,7 millions de français.
1 enfant sur 10 a appris la domination, l’emprise, la résignation.
1 enfant sur 10, devenu adulte, lutte contre la désunion de soi-même.
Si aucun enfant ne devrait vivre l’inceste, aucun adulte ne devrait rester prisonnier des blessures qu’il inflige.
Là où la Famille et la Justice couvrent ou défendent les agresseurs (98% sont impunis), la relation thérapeutique offre les clés d’une résilience possible.
Quand un individu a été blessé à la source même de l’individuation (le corps) par une figure majeure d’attachement (un parent censé le sécuriser et le protéger) à un âge où il n’a pas la capacité de comprendre ce qui lui arrive (immaturité psychique), il se développe en intégrant l’idée que le monde est plus souvent dangereux et menaçant que paisible et bienveillant. Il se développe sur un mode d’attachement insécure.
Cela laisse des empreintes dans lesquelles l’enfant devenu adulte va marcher.
Cela influence ses choix de vie, ses comportements, sa façon d’être au monde.
Cela ancre en lui une profond sentiment d’insécurité intérieure.
Si nous avons tous tendance à rejouer des situations connues, quand les repères sont déformés, tordus, pervertis, ils nous orientent vers des partenaires, des amis, des supérieurs hiérarchiques, souvent porteurs de la même énergie toxique dont on a du mal à se dégager. C’est ce qui fait le jeu des répétitions. C’est aussi ce qui fait de l’inceste un trauma dit « complexe », c’est-à-dire un trauma de l’intrusion dans l’intimité corporelle, psychique et un trauma de la relation. (Gérard Ostermann)
L’inceste, ce n’est pas seulement un père qui viole sa fille, c’est aussi une mère perverse ou maltraitante, et des comportements abusifs plus subtils ou masqués d’un adulte qui a sur nous autorité.
La réalité est toujours plus riche que les stéréotypes.
Du fait même que l’inceste touche aux trois dimensions du développement de l’être humain (corporelle, psychique, sociale), mon travail est orienté vers ces trois directions.
Parce que j’ai parcouru ce chemin et expérimenté des pratiques variées avant de me former à celles qui ont été les plus aidantes, soutenantes et libératrices, je peux témoigner de la pertinence de la psychologie jungienne et de la puissance des pratiques psychocorporelles.
Le but primordial de la psychologie jungienne est la réalisation de Soi et l’équilibre intérieur à travers le processus d’individuation. Le processus d’individuation invite l’individu à prendre un chemin qui va le conduire de sa « persona » – son masque social, vers son « Soi » – son être véritable. Les personnes traumatisées par l’inceste ont souvent tendance à se construire une persona-carapace, assez rigide de façon ne pas être atteinte par les agressions extérieures. De ce fait, elles ne sont plus connectées à elles-mêmes.
Les pratiques psychocorporelles (relaxation, méditation, breathwork, cohérence cardiaque, hypnose, yoga, outils de la gestalt thérapies) permettent cette reconnexion à soi à travers les libérations émotionnelles et énergétiques qu’elles favorisent. Avec elles, on réapprend à se sentir vivant.
Au-delà des mots, ma pratique cherche à redonner la parole au corps car le corps est le seul à pouvoir déconstruire les protections mises en place à un âge où nous avons été utilisés en objet, manipulés et isolés.
Au fil du processus d’individuation, nous lâchons les peurs, les compulsions, les addictions, les auto-sabotages, les sources d’anxiété…Nous apprenons à replacer le curseur entre normal et abusif, sain et malsain, amour et dépendance. Nous posons une base plus saine, plus solide, qui ramène l’estime de soi, la confiance, la sécurité intérieure et conduit vers des choix d’objet d’amour, d’amitié, de projet plus sains, plus forts et plus durables. Nous apprenons à libérer la parole, poser nos limites, choisir plutôt que se laisser choisir. Nous développons de nouvelles forces, de nouvelles représentations et une posture plus juste dans nos relations
Le chemin thérapeutique n’est pas linéaire, mais circulaire.
Il n’est pas magique, mais progressif.
Il y a des hauts et des très-bas.
Il demande patience, courage, persévérance.
On passe de l’ombre à la lumière, mais toujours ensemble, au cœur de l’alliance thérapeutique. On analyse ce qui se joue dans la vie, mais aussi dans l’ici et maintenant et dans les rêves. On le vit intellectuellement, mais aussi corporellement, émotionnellement, sensoriellement. On évoque le passé, mais on se projette aussi dans le futur.
Aux prises avec une amnésie traumatique, des troubles sensoriels invalidants, des cauchemars, des relations toxiques, des TOC, des phobies, une tendance à la dépendance affective et une estime de moi en mille morceaux, j’ai combiné entre elles ces approches pour sortir de toutes les impasses dans lesquelles m’avait enfermée l’inceste.
Je ne m’intéresse pas seulement à l’inceste et au trauma, mais à la possibilité de se sentir en vie, de retrouver des sensations, de vivre ses émotions, de faire circuler l’énergie vitale… Tout ce dont les symptômes post-traumatiques nous coupent.
Quelle que soit la théorie qu’il a accumulée, un thérapeute ne peut vous accompagner que sur le chemin qu’il a lui-même parcouru.
« Aucun degré d’empathie ne peut remplacer l’expérience »
Chaleureusement.
Valérie Pharès
Psychopraticienne jungienne
Membre de l’association Face à l’inceste
Directrice de la rédaction DAPAT Magazine
Mes formations :
Psychopraticienne d’orientation jungienne (Savoir Psy)
Praticienne en Psychologie Positive ( Positran)
Praticienne en Hypnose Ericksonienne et en PNL
Formée aux techniques de la Gestalt Thérapie et de la Relaxothérapie
Avocate de formation initiale