Notre maison, notre coin du monde

29/03/2021

Refuge, reflet de nos goûts et de nos valeurs, miroir de l’âme, notre maison, comme l’écrivait joliment Gaston Bachelard, est notre coin du monde.

Là où l’étymologie évoque un lieu de séjour, première source de confort et de protection, l’âme du poète y transpose le berceau dans lequel les fées nous ont délicatement posés avant que nous soyons jetés au monde.

La maison est d’abord notre premier univers.

Qu’elle soit au centre de la ville, en périphérie ou en rase campagne, individuelle, en copropriété ou emboîtée dans des immeubles « la maison est une retraite, un refuge, un centre»[1]. En son sein, nous avons fait nos premiers pas, balbutier nos premiers mots, laisser couler nos premières larmes. Larmes de joie, d’effroi ou de manque. D’une façon ou d’une autre, une part de nous reste attachée à ce premier berceau.

Il y a les maisons, et il y a notre maison.

Souvenirs de protection ou d’agression. Lieu heureux ou malheureux de notre existence. Chambre seule ou intimité partagée. Du jardin aux fourneaux, de l’odeur des madeleines au parfum qui danse dans l’escalier, du bourdonnement de l’abeille à la voix du père, il y a des passés inoubliables. Combien de parts inconscientes avons-nous laissées dans tous ces lieux où nous avons logé ?

La maison est un symbole.

Si elle est, pour nous tous, une forme concrète avec des murs, un toit, des fenêtres et une porte, elle a, pour chacun d’entre nous, un autre sens, plus abstrait, non visible. Chaque pièce est porteuse d’expériences intimes et singulières. Chaque espace est en nous. Chaque recoin nous habite.

Ne vous suffit-il pas de convoquer votre chambre pour qu’elle s’avance vers vous ? Pousser la porte, franchir le seuil et vous autoriser à fermer les yeux quelques secondes pour retrouver la couleur de vos murs, la douceur de vos draps, la fraîcheur de l’enfance…

Que représente pour vous la maison de votre enfance ?

Valérie Pharès

[1] G. Bachelard, La terre et les rêveries du repos : essai sur les images de l’intimité́, Edition 2004